Reportage….Assemblée Générale de la Fédération de Judo: Le président El hadji Dia esseulé

L’assemblée générale de la fédération sénégalaise de judo s’est tenue samedi 4 novembre 2012 en l’absence du ministère des Sports et du Cnoss. La famille du judo est plus que jamais divisée et rien ne dit que le président de la fédé, El hadji Dia, sera reconduit. (Article publié dans "Tout Le Sport).

El Hadj Dia, Président de la fédération sénégalaise de Judo

Samedi 4 novembre dernier, l’hôtel des Almadies, devant abriter l’Assemblée générale de la Fédération sénégalaise de judo et disciplines associées, avait de vagues airs de sit-in programmé. Il est 10h. Prostrés à l’extérieur et privés d’accès dans l’établissement, plus d’une vingtaine de judokas et responsables de clubs nationaux défient les gendarmes du regard. La cause ? Tout ce beau monde ne figurait par sur la liste des personnes admises à prendre part à l’Ag. Cette frange rebelle de la famille du judo menée par Mbaye Boye (organisateur du tournoi international de judo de Saint-Louis, Ndlr), veut opérer une rupture et porter à la tête de la fédération de judo, Ababacar Wade, président du Duc  (Dakar Université Club). Ceci, en lieu et place de l’actuel président de la fédé, El Hadj Moussa Dia. Face à ce corps à corps avec les gendarmes, Mbaye Boye menace : «Nous voulons faire savoir à tous les Sénégalais qu’El Hadj Dia ne sera plus notre président. Nous allons attendre le ministère des Sports et le Cnoss. Tant que nous n’entrerons pas dans l’hôtel, ni le ministère ni le Cnoss ne cautionneront cette Ag. Il n’y aura pas d’Ag sans nous.».

La suite des évènements lui donnera raison. Du moins presque ! 10h40. Dieynaba Kane, directrice des activités physique et sportive (Daps) au ministère des Sports, déboule et ordonne aux gendarmes de laisser entrer tout le monde. Le commandant refuse. Pas même les deux représentants du Cnoss, Issa Mboup et Santhi Agne, ne sont autorisés à pénétrer ensemble dans la salle. Seul le vice-président du Cnoss est envoyé à l’intérieur pour une négociation avec le président de la fédération de judo, El Hadj Dia. En petit comité, dans le hall de la salle de l’Ag, Issa Mboup et El Hadji échangent. Puis, le président de la fédé lui lance : «La seule solution est d’appliquer nos textes qui indiquent que l’Ag est ouverte seulement aux membres du comité directeur et des représentants des ligues affiliées !» Premier échec.

Dieynaba Kane(photo prise ici http://www.photos.sn/taxonomy/term/1378)

11h08. El Hadji Dia, flanqué d’Issa Mboup, lance à la cantonade : « Si Mme Kane ne vient pas dans deux minutes, on commence notre Ag !» Comme si elle avait entendu la voix menaçante du président de la fédé, Dieynaba Kane fait son entrée dans le hall en compagnie de Santhi Agne, Sg adjoint du Cnoss. Un nouveau conclave démarre dans le hall de l’hôtel avec El hadji Dia, Issa Mboup. «L’Ag rend compte devant les acteurs et tout le monde y a accès, explique la représentante du ministre des Sports. C’est l’élection du bureau qui n’est pas ouverte à tous. Superviser, c’est faire appliquer les textes. L’Ag doit être ouverte, ensuite avec la vérification des règlements on pourra définir qui a une voix élective ou pas.» A sa suite, El Hadj Dia balance : «Nous allons appliquer les statuts points barre !» Puis, sans prévenir son monde, il se lève et pénètre dans la salle attenante.

11h15. Maître Sarr, responsable des grades à la fédération de judo, remplace le président Dia pour prendre langue avec les trois superviseurs. Soudain, le ton monte entre lui et la représentante du ministère. Les deux s’indexent avant de se défier. «Tout ce que tu me dis je te le redis», tonne la dame. Au même moment, l’Ag démarre à l’intérieur.

11h32. Santhi Agne se montre pessimiste. «On constate qu’il y a une large division dans la famille du judo, fulmine-t-il. L’Ag ne peut pas se tenir.»

11h46. Dieynaba Kane quitte le hall de l’hôtel en furie, suivie par les deux représentants du Cnoss. «Ce n’est pas une Ag, maugrée-t-elle,  mais une réunion du comité directeur puisque les clubs n’y ont pas accès.»

11h51. L’Ag se poursuit en présence de l’huissier, Basile Diouf, chargé de la vérification des mandats. Après la lecture des différents rapports, les délégués élisent 16 membres du Cd (comité directeur) et cooptent 7 autres auxquels s’ajoutent les 10 présidents de ligue. Le Cd est évalué alors à 33 membres. L’Ag note l’absence de 4 membres du Cd dont deux ligues (Saint-Louis et Matam). Les représentants  des ligues de Fatick et  Kolda eux ne prennent pas part au vote puisque s’étant retirés avant l’élection. Le président de la fédé prévient que le bureau sera élu plus tard, sous la supervision de la tutelle, si jamais l’Ag est reconnue par le nouveau ministre des Sports, Mbagnick Ndiaye.

 Gaëlle YOMI

Echos

Aliou Seck, membre du Cd : «Tout cela  me semble prémédité»

«Le Cnoss a adopté la même attitude que la responsable du ministère des Sports. Ça me semble prémédité. Dès qu’Issa Mboup est arrivé, il a lancé cette phrase : «Maintenant, vous tenez votre Ag en vous barricadant». C’étaient juste des superviseurs, notre Ag est légitime. Visiblement, la représentante du ministère et les représentants du Cnoss ont pris fait et cause pour ceux qui voulaient saboter l’Ag. Comment comprenez-vous qu’elle soutienne que même un vendeur d’arachide peut participer à l’Ag. Dans les textes de toutes les fédérations du monde, on précise qui doit prendre part à l’Ag. Les 3/4 des clubs à l’extérieur ne font pas parti de la fédération car ils ne sont pas affiliés auprès du trésorier.»

Le Cnoss se retire pour excès de sécurité !

«Nous devions superviser l’Ag avec le ministère des sports. Arrivés sur les lieux, nous avons constaté un dispositif sécuritaire impressionnant avec un risque accru de confrontation. Ainsi, les conditions n’étaient pas réunies pour la tenue d’une Assemblée générale. Nous allons informer la hiérarchie», indique Issa Mboup. Signalons qu’El Hadj Dia est également Vice Président du comité olympique. Faut-il y voir un lâchage de ses pairs ? Ce dernier se contente de dire : «Il n’y avait pas d’indications spécifiques données au niveau du Cnoss pour cette Ag. Je ne sais pas pourquoi le Cnoss est parti ».

Un sabotage évité ?

D’après les membres du Cd, l’intention de ceux qui ont été bloqués à l’extérieur était de venir semer le désordre. «Puisqu’ils n’ont pas droit de voter, pourquoi veulent-ils entrer ?»,  s’interroge un membre du Cd. Avant d’expliquer : «La manœuvre était de venir perturber la séance afin que les superviseurs déclarent qu’il était impossible de tenir une Ag. Ensuite, la tutelle aurait eu la latitude de mettre sur pied une structure d’exception et positionner  n’importe qui. Nous sommes une fédération régie pas des statuts et nous ne laisserons personnes détruire cela.»

Une fédération endettée

Lors de la lecture du rapport financier, il est ressorti que la fédération traine une dette de 7 millions de F Cfa contractée lors de l‘organisation des championnats d’Afrique 2010 à Dakar. Plus une dette d’un million F Cfa depuis l’Ag de 2009. Le solde à la banque n’est que de 169.378 F Cfa. Toutefois, sur le plan des équipements, la fédération a pu obtenir des équipements d’une valeur de 300 millions de F Cfa lors de l’organisation du Chan.

G.YOMI