Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
vive le sport
vive le sport
Publicité
Archives
Derniers commentaires
vive le sport
Newsletter
10 abonnés
3 février 2014

ENTRETIEN AVEC GNIMA FAYE, CHAMPIONNE D’AFRIQUE 100M HAIES:«Ma passion, je ne la cache à personne : j’adore la mode»

Après 3 semaines de vacances au Sénégal, Gnima Faye, la championne d’Afrique en titre du 100m haies, a remis le cap sur la France en cette fin du mois d’octobre 2013. Déterminée à conserver sa couronne continentale en 2014, l’enfant de Thiaroye s’est dévoilée à TLS sur sa personnalité, ses passions, ses modèles.

Recueillis par Gaëlle YOMI

Gnima Faye 4

 

Les amateurs d’athlétisme suivent avec attention votre progression, mais on a l’impression de ne pas vous connaître assez. Qui est Gnima Faye ?

Je dirais que c’est une athlète de 28 ans qui est née à Thiaroye. J’ai passé toute mon enfance, là-bas. J’ai eu ma bourse pour entrer au Ciad en novembre 2002. Ensuite, j’ai été championne d’Afrique Junior en 2003. Je suis arrivée en France en septembre 2007. J’évolue là-bas depuis lors. Gnima est une fille adorable, ouverte d’esprit,qui adore échanger (rires). Une bosseuse, une fille qui croit en ses capacités et se dit que dans la vie, rien n’est impossible. Je suis 100% banlieusarde, comme les gens disent. J’adore Thiaroye.

Pourquoi avoir choisi le 100m  haies ?

Parce que mon frère Ibou Faye, qui était athlète, pratiquait les haies. C’est grâce à lui que je suis devenue athlète. Au début, je venais faire du 400m haies. J’ai démarré par le 1500m et le 1000m. Au Sénégal, quand on est jeune on démarre toujours par le demi-fond. En 1999, j’étais sur 800m puis sur 400m plat, 400m haies, 100 et 200m. De 2001 à 2003, j’alternais le 400m haies et le 100m haies.  Depuis 2003 je suis totalement sur 100m haies.

Comment se passaient vos séances d’entraînement à vos débuts ?

Il n’y a pas de piste d’athlétisme dans mon quartier ; mais au camp Thiaroye, à l’intérieur, il y a un grand stade. Il y a un ami à mon frère qui s’appelle Habib Diallo, c’est avec lui que j’ai démarré. Il m’a appris à faire les jumps, à courir. J’ai passé plus de 3 mois là-bas à Thiaroye Gare. Ensuite, je me suis inscrite à l’As Douanes. Je me suis entraînée avec le coach Christophe, en compagnie de Ndiss Kaba ; avant de passer sous les ordres de Moussa Sène le coach de Gorée, pendant 2 à 3 ans. C’est à ce moment qu’Hervé Stephan, qui est l’entraîneur du Ciad, m’a détectée et m’a demandé de rejoindre son groupe d’entraînement.

En France vous ne faites que de l’athlétisme ?

De 2007 en 2009, je ne faisais que de l’athlétisme et je travaillais un peu, aussi. Après, j’ai pris la décision de reprendre les cours et de passer mon DAI (Dispositif d’Accueil et d’Intégration) pour avoir un diplôme d’Expert. Je n’ai pas envie d’en parler pour le moment.  

 

              «Les gens se plaignent qu’on parle trop d’argent»

 

Quelles sont les principales difficultés dans votre quotidien d’athlète ?

Je ne dispose pas de ce qu’un athlète de haut niveau doit avoir. Parfois, quand on s’exprime, les gens se plaignent qu’on parle trop d’argent. Mais là n’est pas le problème. Tout le monde sait que tout travail mérite salaire. Nous, en tant qu’athlètes, nous ne pouvons pas changer de métier. Si on ne nous aide pas, c’est compliqué. Moi, je n’ai pas reçu d’aide du Sénégal depuis un bout de temps. Les gens pensent que je bénéficie d’une bourse, pourtant tel n’est pas le cas. Je m’entraîne et il y a mon club qui m’aide. Ici, les athlètes de haut niveau qui sont au top actuellement, bénéficient de tous les moyens qu’il faut pour être performants. Nous, nous sommes athlètes de haut niveau, on ne prend pas soin de nous, on ne prend pas de nos nouvelles. C’est à un mois des compétitions majeures qu’on nous contacte pour nous dire que nous sommes qualifiés. Cette année, pour les mondiaux, nous n’avons même pas eu de préparation. On veut se donner à 100% mais on n’a pas de soutien. C’est ça notre principale difficulté. Les athlètes français s’entraînent comme nous ; eux, le matin ils ont un kiné à leur disposition, le soir aussi. Nous c’est différent, beaucoup d’entre nous sont obligés d’allier travail et entraînement pour s’en sortir. Ce sont des difficultés que nous vivons ici à Paris.

Vous avez déclaré faire souvent des publicités, c’est votre seconde passion ?

Gnima Faye

Ma passion, je ne la cache à personne. J’adore la mode, me faire belle et poser. Au Sénégal les lutteurs professionnels font des pubs. Je ne suis pas mannequin mais j’ai envie de vendre mon image à travers les pubs. J’ai un statut de championne d’Afrique que je veux utiliser de la meilleure des manières, comme Balla Gaye 2 le fait par exemple. Ce n’est pas un crime de vouloir faire de la pub.

 

 

       «Les filles de Dakar me traitaient de banlieusarde»

 

Votre principale force ?

Je dirais la détermination. J’y crois toujours.

Votre modèle sur 100m haies ?

L’Américaine Gail Devers. C’est une fille que je suis, je ne peux pas faire tout comme elle, mais je rêve de faire ce qu’elle a fait sur 100m haies (5 fois championne du monde).

Pourquoi avoir choisi comme surnom «L’enfant de Thiaroye» ?

Parce que lorsque j’étais plus jeune, il y avait des filles qui habitaient en ville à Dakar. Elles aimaient bien dire que je suis une banlieusarde. J’ai mis dans ma tête que je n’aurai jamais honte de dire que j’habite à Thiaroye, c’est ma force. C’est ma motivation et c’est pour montrer aux jeunes de mon quartier que, quoi qu’il arrive dans la vie, il faut être fier de la localité d’où l’on vient. En me voyant, les gens vont vouloir connaître Thiaroye. C’est important de porter ce surnom.

Comment comptez-vous préparer la défense de votre titre de championne d’Afrique au Maroc, l’année prochaine (2014) ?

Je reprends les entraînements aujourd’hui (mardi 22 octobre). Je verrai avec mon entraîneur et la Fédération quel sera mon planning complet pour être dans des très bonnes conditions. Cette année est très importante pour moi, dans l’optique de conserver mon titre. Car en 2012, lorsque j’ai gagné, la Nigériane était tombée à quelques mètres de l’arrivée. Donc, il y a des personnes qui disent que si elle n’était pas tombée, je n’aurais pas gagné. Moi, je prie cette année qu’elle soit en forme et que j’aie la possibilité de gagner. Je me prépare à tout et, avant l’Afrique, il y aura les championnats du monde en salle que je veux faire. Il y aura aussi les meetings. Je ferai tout pour être prête le jour-J.

Encadré

2013, l’année du progrès !

Gnima Faye 2

Après son titre de championne d’Afrique décroché à Porto Novo au Bénin en 2012, Gnima Faye a connu une saison 2013 au cours de laquelle elle a établi un nouveau record personnel (13s 10) et décroché une médaille d’argent aux Jeux de la Francophonie. A l’heure du bilan, la spécialiste des sauts d’obstacles regrette de ne pas avoir atteint son objectif. «Cette année, l’objectif était de descendre sous les 13 secondes. J’avais tout le potentiel pour le faire, révèle-t-elle. Mais après les championnats de France (juillet)  je suis partie en préparation en Suède, où je me suis fais mal. Cette petite blessure m’a handicapée jusqu’aux championnats du monde», révèle-t-elle.

Pour sa première expérience aux mondiaux de Moscou (août 2013), Gnima, qui a été sortie au premier tour, avoue avoir beaucoup appris. «J’avais en face de moi des filles que je croise pour la plupart en compétition. Les championnats du monde cadets, juniors, sont vraiment différents des mondiaux seniors. J’avoue que lorsqu’on n’a pas les moyens pour travailler comme il faut, ce n’est pas évident. Il faut donc être très forte, bosser dur. On peut avoir le meilleur coach du monde, mais si on n’a pas les moyens et le soutien qu’il faut derrière, ce n’est pas évident de faire partie des 8 meilleurs du monde», affirme-t-elle. L’aventure de Moscou a même failli couper l’élan de «l’enfant de Thiaroye» qui a décidé de participer au dernier moment aux Jeux de la Francophonie. «Après les mondiaux, franchement je voulais arrêter ma saison, explique Gnima. Je savais personnellement que je n’avais pas fait grand-chose. Mais du moment que je m’étais préparée toute seule sans l’appui de la fédération ou des autres autorités, je tenais à participer aux mondiaux, quitte à terminer ma course en marchant», martèle cette battante. Après avoir consulté son entraîneur à trois semaines des Jeux de la Francophonie, elle décide d’embarquer pour Nice afin de décrocher l’or, après l’argent remporté en 2009. «En finale, je savais que la Belge était très forte car elle avait fait 12s98. Je visais l’or ; mais à l’arrivée je suis tombée, c’est vraiment dommage. La loi du sport est ainsi», conclut-elle avec une intonation de regret dans la voix. Il ne reste plus qu’à espérer que 2014 soit meilleure.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité