FOOTBALL FÉMININ: Comment intéresser l’élite sénégalaise?
Une semaine avant de mettre le cap sur Hanovre en Allemagne, pour le tournoi international de foot féminin « Discover 2012 », un de mes collègues propose de rédiger un article sur les footballeuses. Le boss de dire: notre cible est bien connue, notre magazine s’adresse aux intellectuels et le foot féminin ne les intéresse pas. Gros coup de froid pour « Miss G » ! :) Voilà l’histoire de cet article.
Steffi Jones (Championne du monde 2003 et triple Championne d'Europe, présidente du comité d'organisation de la Coupe du monde féminine 2011)et Miss G!
Steffi Jones, une des légendes de football féminin allemand en compagnie d’autres actrices de différents pays, se prononcent sur la problématique de l’attractivité de la discipline au Sénégal.
C’est un secret de polichinelle de dire que le football féminin a du mal à intéresser l'intelligentsia sénégalaise. Et ce, malgré les récents bons résultats de l’équipe nationale dame qui a décroché en juillet dernier une première qualification à la Coupe d’Afrique des Nations. Le tournoi international de football féminin « Discover football », tenu à Hanovre en Allemagne du 11 au 17 septembre 2012, a servi de prétexte pour les spécialistes de la discipline de se prononcer sur les obstacles du développement de celle-ci. L’occasion de voir avec les différentes nations présentes à ce rendez-vous, comment faire bouger les choses au Sénégal ? Le pays de la Teranga y était représenté par le club de première division du Lycée d’Ameth Fall de Saint-Louis. Il ressort premièrement que ce faible intérêt des décideurs est une réalité aussi bien en Allemagne, en Afrique du Sud et en Jordanie. Même si elle se fait à des degrés moindres. Ainsi, pour Sara Schlote, membre de l’association allemande « Discover football », dont la vision est d’offrir plusieurs perspectives par le biais du football aux femmes de différents horizons, plus de solidarité féminine aiderait à passer un cap. « La coupe du monde 2011 en Allemagne a permis de parler plus du football féminin. Mais les politiciens ne s’intéressent pas encore assez à la discipline et je pense que cela est lié au statut du football dans les différents pays. Afin que les choses changent, il faudrait que les femmes soient de plus en plus présentes dans les différents corps de métiers mais, au-delà, qu’elles se soutiennent mutuellement », explique-t –elle. Alors, si la moitié des femmes d’un pays s’intéressent au football féminin, la bataille pour la visibilité et l’acceptation serait bien avancée !
Côté Sud africain, le pays a beau faire partie des trois meilleures nations de football féminin en Afrique, les leaders d’opinions ne sont pas encore prêts à en faire une priorité. « Chez nous, aussi on rencontre ce problème d’indifférence à l’égard du football féminin. Il est vrai que notre championnat compte quatre divisions qui permettent d’avoir plus de footballeuses mais contrairement à l’espace accordé au football masculin il y a encore du chemin à faire. Tous les sponsors se focalisent sur le championnat messieurs et seule la finale du championnat féminin est médiatisée », renseigne Portia Mafokwane, entraîneur de l’équipe Sud Afrique présente en Allemagne.
Pour sa part, Steffi Jones, la star des années 90 de la Mannschaft Allemande estime qu’au-delà des réalités sociaux-culturelles, la solution commune reste la visibilité à travers les résultats. Actuelle membre de la Fifa, la Championne du monde 2003 et triple Championne d'Europe cite en exemple le modèle allemand. « Je ne dis pas que nous avons la solution miracle. Il y a 50 ans c’était impossible pour une fille de jouer au football en Allemagne, nous faisions partie des pionnières et j’ai dû batailler dur. Car pour moi, en plus d’être stigmatisée comme footballeuse j’étais discriminée du fait d’être métisse. Ainsi, il faut donc toujours se battre. En Allemagne, lorsque l’équipe nationale a obtenu d’excellents résultats en coupe d’Europe, cela a servi de plate forme pour présenter le football féminin. Il faut aussi créer et organiser des évènements importants pour communiquer et parler du football féminin ».
Tout est dit, aussi bien que Paris ne s'est pas construit en un jour, le football féminin sénégalais a encore des marches à gravir. A la Can, du 28 octobre au 15 novembre prochain, les protégés de Bassouaré Diaby poursuivront le travail de pionnières dans l’attente d’un avenir meilleure.
Pour la petite histoire, sur le terrain, le tournoi Discover football 2012, a vu les représentantes sénégalaises du Lycée Ameth Fall de Saint-Louis terminées, Vice-championne derrière l’équipe nationale de Jordanie. La compétition a réuni en tout, six formations dont trois Allemandes.
Gaëlle YOMI (A Hanovre)